GASPÉSIE

GASPÉSIE

GASPÉSIE ou PÉNINSULE DE GASPÉ

La vaste péninsule par laquelle les Appalaches viennent à la rencontre de la mer constitue le phénomène physique le plus grandiose de la géographie du Québec. Identifiée dès l’époque des grandes découvertes sous le nom de péninsule de Gaspé ou de Gaspésie, et fréquentée dès lors par les morutiers européens qui venaient jusqu’à ses rivages, cette contrée ne prend une importance régionale qu’à partir du moment où l’expansion démographique québécoise en fait une terre de colonisation.

Terre d’établissement et de colonisation d’abord, puis terre exportatrice de biens et d’hommes dont elle nourrit les villes, elle subit le choc en retour des mœurs urbaines, désormais maîtresses du continent nord-américain, et après avoir connu une croissance rapide, voit aujourd’hui sa population diminuer.

D’une étendue de 24 000 kilomètres carrés, mais pratiquement vide d’hommes dans l’intérieur, la Gaspésie ne compte pas d’agglomération importante. La ville principale est Matane, seule à dépasser dix mille habitants. Éparse et limitée au littoral, l’occupation humaine de la Gaspésie reflète une organisation de l’espace étroitement soumise aux contraintes de la nature.

Le climat gaspésien, plus que le relief dont les altitudes sont généralement inférieures à 750 mètres, élimine l’agriculture dès qu’on s’éloigne de plus d’une trentaine de kilomètres des côtes. La cartographie climatique et pédologique est éloquente à ce sujet: la saison sans gelée dure moins de cent vingt jours dans la majeure partie de la péninsule, et les sols podzoliques en occupent tout l’intérieur. Aussi seules les bandes côtières ont-elles été l’objet d’une mise en culture; or l’exploitation forestière, traditionnellement liée à l’exploitation agricole, n’exige pas d’établissements humains spécifiques. On comprend que, dans ces conditions, toute la vie gaspésienne se confine au littoral, où l’industrie et le tourisme bénéficient des multiples avantages du contact avec la mer et où, bien entendu, se pratique la pêche.

Sillonné de chemins d’exploitation forestière, l’intérieur de la Gaspésie présente un paysage de plateaux forestiers où la présence de la ville minière de Murdochville semble insolite. Au contraire, le littoral, avec ses défrichements, ses villages, ses usines et ateliers, ses ports, sa route de ceinture, offre l’aspect d’un paysage humanisé et pittoresque qui prend l’été, du fait du tourisme, une allure particulièrement animée. Mais ce littoral est lui-même contrasté. Par l’effet d’une dissymétrie qui affecte l’ensemble de la péninsule, l’axe granitique des Chics Chocs se trouve à faible distance de la côte septentrionale, réduisant la plaine côtière à une bande relativement étroite: peu de sols y ont une véritable vocation agricole; la forêt n’y est pas aussi accessible qu’au sud. Aussi, la côte méridionale, mieux cultivée, pourvue des papeteries de Chandler et de New Richmond, mieux située pour la pêche en haute mer et desservie par la voie ferrée, est-elle plus peuplée que la côte septentrionale.

Restreintes et réglées par les conditions naturelles, l’occupation humaine et l’économie gaspésiennes évoluent dans un contexte nord-américain. Les genres de vie traditionnels qui associent les activités de la pêche, de l’agriculture et du travail forestier disparaissent graduellement. La Gaspésie n’est plus le pays misérable qu’elle était, mais elle reste néanmoins défavorisée par rapport à d’autres régions.

Gaspésie ou Gaspé

(péninsule de) péninsule du Québec, entre l'estuaire du Saint-Laurent et la baie des Chaleurs. Pêche; tourisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.